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Ottawa (le 8 août 2017) – La nouvelle direction de l’organisme réglementaire responsable de la salubrité des aliments réévalue des changements dans les procédures d’inspection que son ancien président voulait imposer dans le cadre d’un programme appelé « Modernisation de l’inspection ». Les changements proposés avaient soulevé des mises en garde sur les risques sanitaires et économiques qu’ils pouvaient faire courir à l’industrie.

Parmi les changements qui ont été mis sur la glace, se trouve un nouveau protocole d’inspection des viandes qui aurait permis à des inspecteurs non qualifiés pour les usines de transformation des viandes prêtes-à- manger (PÀM) de se contenter d’un passage de seulement 15 minutes dans les bureaux des usines où l’on produit des viandes PÀM à haut risque, au lieu de procéder à une inspection complète. L’ACIA avait aussi planifié de donner l’instruction à ces inspecteurs d’appeler leur superviseur lorsqu’ils «tombent par hasard» sur une situation sanitaire pour lesquels ils n’ont pas la formation pour intervenir.

Selon le matériel de formation de l’ACIA qui a déjà été présenté à la majorité du personnel, « une simple visite au bureau satisfait aux exigences de présence quotidienne (dans une usine de transformation de la viande) et n’a pas besoin de durer plus de 15 minutes. »

En plus des inquiétudes en matière de salubrité, ces changements pourrait aussi avoir provoqué des sanctions économiques des États-Unis, qui exigent que les pays exportateurs de viandescPÀM s’assurent que les produits exportés aient été soumis à « la présence quotidienne » d’inspecteurs.

L’Agence rejette aussi un plan qui aurait permis d’assigner des inspecteurs et des superviseurs de première ligne à travailler hors de leur domaine d’expertise (par exemple, des experts en foresterie auraient inspecté des poissons, des experts en science animale auraient inspecté des équipements de fabrication).

« Le nouveau président de l’ACIA a bien précisé par écrit aux directions régionales que ces changements n’auront pas lieu et que l’Agence préparera de nouvelles instructions au personnel d’inspection, » dit Bob Kingston, président du syndicat des inspecteurs des aliments.  « C’est un pas en avant positif. »

« Après des années de compressions budgétaires sous le précédent gouvernement, tous ces changements visaient à gérer une pénurie de personnel. Nous sommes contents de constater que la nouvelle direction de l’Agence a reconnu que plusieurs de ses réformes de Modernisation de l’inspection constitueraient en recul en matière de sécurité des aliments. À l’avenir, nous espérons que l’ACIA s’entendra avec le gouvernement quant au niveau de ressources dont elle a réellement besoin pour mettre en vigueur le programme de salubrité des aliments, » dit Fabian Murphy, premier vice-président exécutif du Syndicat Agriculture, qui représente la plupart des inspecteurs de l’ACIA.

Entretemps, la nouvelle procédure d’inspection n’exige pas que les usines dévoilent aux inspecteurs comment elles vont corriger toutes les lacunes de sécurité à mesure qu’elles seront découvertes.

« Nous espérons que l’Agence reviendra aussi sur ces changements, » dit Murphy.

Selon un nouveau sondage Abacus dévoilé ce matin, les inspecteurs en salubrité des aliments font très peu confiance à la Modernisation de l’inspection et sont très inquiets que les pénuries dans le personnel d’inspection compromettent la sécurité du public. Parmi les conclusions du sondage :

  • Seulement un tiers (33 %) des inspecteurs interrogés rapporte qu’il y a toujours
    suffisamment de personnel dans leur groupe de travail immédiat pour permettre une
    présence quotidienne significative dans les usines de transformation de la viande, tandis
    que les deux tiers (66 %) rapportent qu’il n’y a assez de personnel pour satisfaire à cette
    exigence de supervision obligatoire que de temps en temps, rarement, ou jamais.
  • Les deux tiers (63 %) décrivent la dotation actuelle en personnel dans leur groupe de
    travail immédiat comme insuffisante pour accomplir toutes les tâches nécessaires pour
    satisfaire aux exigences de salubrité des aliments.
  •  La moitié (47 %) croient que les Canadiens ont été exposés à un plus grand risque de
    maladie d’origine alimentaire à cause de la pénurie de personnel.
  • Les trois quarts (76 %) croient que l’éclosion d’une intoxication alimentaire grave dans
    un avenir rapproché est probable ou très probable.

« Pour les inspecteurs, la Modernisation a surtout eu pour objet de gérer une charge de travail plus lourde avec une pénurie de personnel en salubrité alimentaire. Ces résultats de sondage devraient fournir à la direction de l’ACIA toutes les preuves dont elle a besoin pour démontrer le manque de ressources d’inspection, » dit Fabian Murphy.

Abacus a trouvé que les employés de salubrité des aliments ont moins confiance dans les changements imposés par l’ACIA que lors du dernier sondage en 2016.

  • Six sur dix (63 %) croient que la Modernisation de l’inspection va effectivement augmenter la probabilité d’une contamination majeure des aliments, en hausse significative par rapport à 2016, quand 50 % des répondants partageaient cette opinion. Abacus a aussi trouvé que :
  • La majorité (75 %) des répondants se sentent peu ou pas du tout qualifiés pour travailler dans le cadre du nouveau système d’inspection qui rend possible d’assigner des inspecteurs et des superviseurs de première ligne à du travail hors de leur champ d’expertise.
  • 65 % ne croient pas que l’ACIA sera capable d’introduire la Modernisation de l’inspection tout en protégeant la sécurité des consommateurs.

Le sondage a été mené par Internet entre le 15 mai et le 16 juin 2017, auprès de 488 membres du Syndicat Agriculture en français et en anglais, au moyen d’un questionnaire internet rédigé et compilé par Abacus Data. Au total, 2085 membres avaient été invités par courriel à répondre. Le taux de réponse au sondage est de 23 %. La marge d’erreur pour cette étude est de 4,5 %, 19 fois sur 20.

Le Syndicat Agriculture, qui a commandé le sondage, représente plus de 6000 employés du gouvernement fédéral, dont la majorité du personnel de salubrité alimentaire en poste à l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

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Information : Jim Thompson • 613-447- 9592 • jim@thompsoncom.ca

Notes d’allocution pour la conférence de presse